... les fourmis aussi ?

Si tu savais comme je lutte de tout mon souffle
contre la malédiction de bâtiments qui craquent
telles ces forces de naufrage qui me hantent
tel ce goût de l'être à se défaire que je crache

et quoi dire que j'endure dans toute ma charpente
ces années vides de la chaleur d'un autre corps
je ne pourrai pas toujours, l'air que je respire
est trop rare sans toi, un jour je ne pourrai plus

ce jour sera la mort d'un homme de courage inutile
venue avec un froid dur de cristaux dans ses membres
mon amour, est-ce moi plus loin que toute la neige
enlisé dans la faim, givré, yeux ouverts et brûlés

Gaston MIRON

Peut-être est-ce l'âge et le temps qui passe, ou est-ce mon côté noire et vide qui a pris le dessus, mais l'idée d'une relation passionnelle et amoureuse me fait peur. Elle me demande trop d'effort, me coûte un peu plus de moi-même à chaque fois. Je me sens désormais plus en sécurité dans une relation où je ne suis pas celui qui est amoureux. Je sais comment gérer cette sensation désagréable que l'on ressent quand on apprécie quelqu'un sans l'aimer. Ironie du sort, je prêche à qui veut entendre que la vie sans le frisson de la passion, les picotements dans l'estomac, le vertige quand on ouvre les yeux, que son souffle dans votre cou vous a réveillé... N'est plus que de la survie.

Harper: In your experience of the world. How do people change? 
Mormon Mother: Well it has something to do with God so it's not very nice. God splits the skin with a jagged thumbnail from throat to belly and then plunges a huge filthy hand in, he grabs hold of your bloody tubes and they slip to evade his grasp but he squeezes hard, he insists, he pulls and pulls till all your innards are yanked out and the pain! We can't even talk about that. And then he stuffs them back, dirty, tangled and torn. It's up to you to do the stitching. 
Harper: And then up you get. And walk around. 
Mormon Mother: Just mangled guts pretending. 
Mormon Mother: That's how people change.

©Angels in America

Une impression d'impuissance ne me quitte plus... Comme une seconde peau, on ne pas la retirer à moins d'arracher sa propre peau avec... Je subis un tourbillon, je m'observe, hors de moi-même ; je vois tout ce qui se passe sans pouvoir intervenir.

Non, c'est faux, j'interviens mais rien n'y fait. Je bataille, je cogne, je bouscule tout ce qui m'entoure mais c'est comme si une cage hermétique empêchais tout son, toute vibration d'atteindre l'extérieur... Je me vois rester insensible à mes interventions.

Parfois, je me dis que je suis vraiment fou, que personne ne peut voir que je suis fou, que j'échappe à moi-même, que je me suis perdu quelque part depuis si longtemps que je ne me reconnais plus maintenant...

Tout recommence, c'est l'impression que j'ai eu. Tout recommence. Je suis le genre de blogger qui n'écrit que par intérêt... comme une thérapie, les mots tapés ici, je les crache... Je saisi d'une main ce qui se trouve au fond de moi et j'arrache de toutes mes forces ce que j'ai pu saisir pour qu'ils soit enfin dehors, et parfois ca fait mal... J'ai l'impression que si je les mets ici, ils ne m'appartiennent plus... Ils iront vivre dans ces lecteurs, tels des parasites indésirables et qu'enfin j'aurai, le temps de cette écriture, la paix...

On grandit, on évolue, on apprends à vivre avec des choses, en nous... on apprends à les dompter, à les maîtriser, mais que se passe-t-il quand ceux-ci sont forts ? Quand ils sont capable de vous plongez dans un abysse de solitude ? Vous êtes pourtant là, au milieu de la foule, de vos amis, de votre famille et pourtant une fine couche invisible vous isole. Elle est aussi résistante qu'une de ses nouvelles matières, une sorte d'alliage de titane et de carbone, ultra-isolant... Je pensais avoir assez grandi, assez mûri pour leurs tenir tête...

Pendant des années, à chaque fois, je m'isolais... Je luttais en silence, sans donner aucune nouvelle à personne, juste moi face à mon mal être. Pendant des années je tenais un blog thérapeutique et puis un jour, les voix se sont tus, le blog avec. Et voilà que depuis quelques jours, ces vieux démons se remettent à murmurer, sans discontinuer. J'ai été pris d'un vertige. Je me suis mis à les croire, à me rappeler à quel point je suis faible, sans valeur, fautif... Mais cette fois-ci, une chose inattendue est arrivé... J'ai envoyer un texto, comme on envoi une bouteille à la mer... sauf que je me noyais déjà.

En quelques mots échangés, j'ai pris conscience de l'ampleur de mon erreur. On ne se débarrasse pas de ses démons, on vit avec. On les traine avec soi jusqu'à la fin. De taper ces quelques mots me donne mal au ventre, comme lorsque vous avez faim, ce n'est pas la même sensation mais c'est dans cette zone... Oui, ils seront toujours là, et on passera notre vie à les combattre, à se combattre soi-même. Et n'espérer pas gagner, c'est une lutte perdue d'avance. Mais on passera notre temps à se révolter, à essayer...